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juillet 8, 2022

Le baptême étudiant doit-il disparaître?

Une coopération doit se mettre en place entre les organes de baptême et leurs établissements respectifs. Ce serait une solution « win-win ».

Une carte blanche d’Arthur Watillon, Vice-président de la Fédération des étudiants libéraux.

Le baptême fait partie intégrante de la vie estudiantine de très nombreux étudiants. Chaque année, plusieurs milliers de « bleus et bleuettes » sont baptisés, que ce soit en haute école ou sur un campus universitaire. Pour l’immense majorité d’entre eux, les bleusailles sont un moment important de rencontres et de sociabilité, où la solidarité est d’or. Néanmoins, il arrive fréquemment que certains excès entachent cette pratique. Parfois, ces abus entraînent de véritables drames. Le 31 octobre dernier, Antonin Deneffe, un étudiant de 19 ans, décède lors d’une soirée étudiante organisée en région namuroise. Selon les analyses toxicologiques, son décès serait dû à une consommation d’alcool susceptible de causer la mort. Face à la tragédie, laissons la justice décider du – nécessaire – « à qui la faute ? » En tant qu’étudiants, proposons plutôt des solutions.

Charte des baptêmes

Honnêtement, est-il nécessaire d’être étudiant en guindaille pour mettre sa vie en danger via une surconsommation d’alcool ? En Belgique, chaque année, près de 200 personnes meurent sur nos routes à cause de l’alcool (1). Le baptême, longtemps laissé dans le champ d’action exclusif des cercles, fait aujourd’hui l’objet d’un encadrement accru, notamment via la « Charte des baptêmes ». Cette charte inscrit un socle de principes éthiques que les organes de bleusailles se doivent de respecter, sous peine de se voir suspendus par leur établissement.

Aux interdictions de traitements dégradants, d’attentats à la pudeur, de propos racistes ou d’abus d’alcool se sont récemment ajoutées des considérations liées aux violences et discriminations sexuelles ou sexistes. Cette charte pose donc un cadre global primordial. Cependant, le problème de la vérification se pose : comment s’assurer que ces dispositions sont respectées ? Cette réalité est d’autant plus forte lorsque les écoles ne reconnaissent pas les baptêmes qui se déroulent en leur sein. Pas de reconnaissance rime avec peu ou pas d’emprise, dont découle le « pas de sanctions ». Ainsi, seule, la charte ne suffit pas.

Un travail de coopération

Face à cette situation, il est primordial qu’un véritable travail de coopération se mette en place entre tous les organes de baptême et leurs établissements respectifs. Celle-ci permettrait aux établissements de gagner un droit de regard sur les activités de baptême, tout en faisant bénéficier leurs cercles de lieux de bleusailles sécurisés. De plus, cette stratégie « win-win » faciliterait également les contacts entre les cercles de baptême et les services encadrants, qu’il s’agisse de la zone de police, des services de sécurité ou de secours médical. Cette coopération est d’autant plus souhaitable que la durée des bleusailles est généralement brève (entre trois et sept semaines) et ne représente qu’une courte période dans la vie d’un étudiant baptisé. De plus, qu’il soit contrôlé ou non, le baptême aura toujours lieu, il répond à une demande forte. Par conséquent, n’est-il pas préférable de l’encadrer en amont ?

Soyons clairs sur le sujet : réduire les risques lors des activités de bleusailles ou de guindailles implique autant les autorités académiques que les étudiants. Les excès nous touchent tous ; entachent la réputation des campus et culpabilisent à l’excès les étudiants. En définitive, il est impératif que les écoles et les cercles réticents à cette coopération fassent preuve de bonne volonté.